Titre : La Vie des Morts – La Nature – 07 – La mer
O Mer, sinistre Mer que la bise d’automne Secoue et fait claquer ainsi qu’un vain lambeau ; O Mer, joyeuse Mer, magnifique manteau Qu’agrafe le Soleil aux flancs nus de Latone ;
O Mer, sinistre Mer dont les gémissements Troublent l’esprit nocturne attardé sur les grèves ; O Mer, joyeuse Mer qui, pour bercer les rêves, As des bruits de baisers et de chuchotements ;
O Mer, sinistre Mer, pleine de funérailles ! O Mer, joyeuse Mer que peuple un flot vivant ! - La Vie avec la Mort en toi semblent souvent S’unir pour féconder tes profondes entrailles.
Es-tu la coupe immense où le philtre sacré Des renouvellements opère son mystère, Où viennent se tremper les forces de la Terre, Pour embrasser la forme en faisceau plus serré ?
Es-tu le temple obscur de nos métamorphoses ?
Le Trésor infini des mouvements divers Dont s’animent les corps épars dans l’univers, Et des aspects sans fin que revêtent les choses ?
Puisque, sans te lasser, l’âpre travail du vent Engloutit dans tes flancs de charnelles semailles, O Mer, sinistre Mer, pleine de funérailles ! O Mer, joyeuse Mer que peuple un flot vivant !