đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

 A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z   0   1   2   3   4   5   6   7   8   9 
Artiste : Arthur Rimbaud
Titre : Villes (Ce sont des villes !)
Ce sont des villes ! C’est un peuple pour qui se sont montĂ©s ces Alleghanys et ces Libans de rĂȘve ! Des chalets de cristal et de bois qui se meuvent sur des rails et des poulies invisibles. Les vieux cratĂšres ceints de colosses et de palmiers de cuivre rugissent mĂ©lodieusement dans les feux. Des fĂȘtes amoureuses sonnent sur les canaux pendus derriĂšre les chalets. La chasse des carillons crie dans les gorges. Des corporations de chanteurs gĂ©ants accourent dans des vĂȘtements et des oriflammes Ă©clatants comme la lumiĂšre des cimes. Sur les plates-formes au milieu des gouffres les Rolands sonnent leur bravoure. Sur les passerelles de l’abĂźme et les toits des auberges l’ardeur du ciel pavoise les mĂąts. L’écroulement des apothĂ©oses rejoint les champs des hauteurs oĂč les centauresses sĂ©raphiques Ă©voluent parmi les avalanches. Au-dessus du niveau des plus hautes crĂȘtes une mer troublĂ©e par la naissance Ă©ternelle de VĂ©nus, chargĂ©e de flottes orphĂ©oniques et de la rumeur des perles et des conques prĂ©cieuses, - la mer s’assombrit parfois avec des Ă©clats mortels. Sur les versants des moissons de fleurs grandes comme nos armes et nos coupes, mugissent. Des cortĂšges de Mabs en robes rousses, opalines, montent des ravines. LĂ -haut, les pieds dans la cascade et les ronces, les cerfs tettent Diane. Les Bacchantes des banlieues sanglotent et la lune brĂ»le et hurle. VĂ©nus entre dans les cavernes des forgerons et des ermites. Des groupes de beffrois chantent les idĂ©es des peuples. Des chĂąteaux bĂątis en os sort la musique inconnue. Toutes les lĂ©gendes Ă©voluent et les Ă©lans se ruent dans les bourgs. Le paradis des orages s’effondre. Les sauvages dansent sans cesse la fĂȘte de la nuit. Et une heure je suis descendu dans le mouvement d’un boulevard de Bagdad oĂč des compagnies ont chantĂ© la joie du travail nouveau, sous une brise Ă©paisse, circulant sans pouvoir Ă©luder les fabuleux fantĂŽmes des monts oĂč l’on a dĂ» se retrouver.

Quels bons bras, quelle belle heure me rendront cette rĂ©gion d’oĂč viennent mes sommeils et mes moindres mouvements?