Celle qui tendait les bras, Celle qui aimait si fort, Mais qui ne le savait pas, Qu´aimer encore et encore, Ça vous brûle, ça vous damne,
Celle-là qui, les yeux clairs, Marchait les bras grands ouverts, Et qui voulait tout donner, Et tout prendre, Celle-là s´en est allée, Le coeur, d´amour, éclaté, Les bras fourbus de se tendre, Et d´attendre,
Fut-elle innocence, Fut-elle démence, Qui donc le saura jamais, Qui donc le saura jamais?
Elle jouait, toute enfant, Déjà, d´attraper le vent, Dedans ses bras frêles, Mais elle ne retenait rien,
Le vent, ça va et ça vient, Et c´est infidèle, Elle découvrit la mer La garce lui fit son oeil vert En robe d´écume Elle se jeta dedans Ses cheveux blonds s´emmêlant Aux reflets de lune Puis elle voulut aussi Voler un morceau de nuit Qu´elle pensait, éblouie Tenir tout contre elle Mais revint le coeur chagrin L´eau, ça vous glisse des mains Et c´est infidèle
Fut-elle innocence, Fut-elle démence,
Qui donc le saura jamais, Qui donc le saura jamais?
On a crié "c´est assez, De vouloir t´écarteler, A donner, à prendre, A vouloir donner ton sang, A te brûler tant et tant, Tu deviendras cendre" Elle ne répondait rien, Elle espérait quand soudain, On se le rappelle, Comme l´hiver était venu, Un homme lui est apparu, Qui marchait vers elle, Elle lui ouvrit les bras, Et l´homme s´y réchauffa, La caressa tant et tant,
Qu´elle en devint belle, Ce fut, la nuit et le jour, Le temps des chaudes amours, Et l´homme restait toujours, Il était fidèle,
Fut-elle innocence, Fut-elle démence, Qui donc le saura jamais, Qui donc le saura jamais?
Puis l´hiver a disparu, Les oiseaux sont revenus, Il a dit "écoute, J´entends les arbres craquer, La forêt s´est réveillée, Je reprends ma route", Alors, elle tendit le bras,
Ce fut la dernière fois, Et son couteau se planta, Dedans l´infidèle, Puis calme, elle se coucha, C´est ainsi qu´on la trouva, Morte, dans le petit jour, D´avoir trop aimé d´amour,
Fut-elle innocence, Fut-elle démence, Qui donc le saura jamais, Qui donc le saura jamais? Fut-elle innocence, Fut-elle démence, Elle est morte désormais, Nul ne le saura jamais, Elle est morte au petit jour, D´avoir trop aimé d´amour...