J´appelle Slimane et j´ai quinze ans J´ vis chez mes vieux à la Courneuve J´ai mon C.A.P. de délinquant J´ suis pas un nul j´ai fais mes preuves Dans la bande c´est moi qu´est l´ plus grand
Sur l´ bras j´ai tatoué une couleuvre J´ suis pas encore allé en taule Parait qu´ c´est à cause de mon âge Parait d´ailleurs qu´ c´est pas Byzance Que c´est un peu comme dans une cage Parce qu´ici tu crois qu´ c´est drôle Tu crois qu´ la rue c´est des vacances
{Refrain :} J´ai rien à gagner rien à perdre Même pas la vie J´aime que la mort dans cette vie d´ merde J´aime c´ qu´est cassé c´est détruit J´aime surtout tout c´ qu´y vous fait peur La douleur et la nuit
J´ai mis une annonce dans Libé Pour m´ trouver une gonzesse sympa
Qui bosserait pour m´ payer ma bouffe Vu qu´ moi l´ boulot pour que j´y touche Y m´ faudrait deux fois plus de doigts Comme quoi tu vois c´est pas gagné C´ que voudrai c´est être au chomdu Palper du blé sans rien glander Comme ça j´ serai à la sécu J´ pourrai gratos me faire remplacer Toutes les ratiches que j´ai perdu Dans des bastons qu´ont mal tournées
J´ai même pas d´ thune pour m´ payer l´herbe Alors j´ me défonce avec c´ que j´ peux Le triclo, la colle à rustine C´est vrai qu´ des fois, ça fout la gerbe Mais pour le prix, c´est c´ qu´on fait d´ mieux Et puis ça nettoie les narines
Le soir on rode sur des parkings On cherche une BM pas trop ruinée On l´emprunte pour une heure ou deux On largue la caisse à la Porte Dauphine On va aux pûtes juste pour mater Pour s´en souvenir l´ soir dans notre pieu
Y a un autre truc qui m´ branche aussi C´est la musique avec des potes On a fait un groupe de hard rock On répète le soir dans une cave Sur des amplis un peu pourris Sur du matos un peu chou-rave On a même trouvé un vieux débile Qui voulait nous faire faire un disque ça a foiré parce que c´ minable Voulait pas qu´on chante en kabyle On n´y a mis la tête contre une brique
Que même la brique elle a eu mal
Des fois j´ me dis qu´à trois milles bornes De ma cité y a un pays Que j´ connaîtrai sûrement jamais Que p´ t-être c´est mieux qu´ p´t-être c´est tant pis Qu´ là-bas aussi j´ serai étranger Qu´ là-bas non plus je serai personne Alors pour m´ sentir appartenir A un peuple à une patrie J´ porte autour d´ mon cou, sur mon cuir le keffieh noir et blanc et gris J´ me suis inventé des frangins Des amis qui crèvent aussi