Je retiens les dates des morts. Ça se fait tout seul, sans effort. Je retiens les dates tout court, mais pour les morts célèbres, je suis pas mauvais. C´est mon jeu préféré. Un jeu de fin de repas. Allez-y, dites un mort ?
Freddie Mercury ? 91. Pierre Desproges ? 88. Coluche ? 19 juin 86. Bérégovoy, 1er mai 93, Ayrton Senna, ler mai 94, ne pas confondre ! Jean-Paul II ? 2 avril 2005, et à la Une des journaux en chiffres romains ça donnait : Jean-Paul il est mort. J´en ris encore. Je retiens les dates des morts
Alors, on me demande : Mais à quoi ça te sert ? Ça me sert à rien, c´est comme ça, j´aime bien les dates, ça me fait des repères, des signes de ponctuation plantés au milieu de la route. Un petit trouble obsessionnel pour une petite trouille existentielle, j´imagine
Lundi 8 janvier 96. J´étais en seconde, j´avais piscine. Le bruit court. Mitterrand est mort. Ça alors ! 31 août 1997. J´écoutais la radio en pleine nuit quand on a annoncé que Lady Di avait eu un accident, même qu´ils parlaient seulement d´un bras cassé. Mince alors !
Bon, les chanteurs, c´est pas compliqué, ils sont tous morts. A part Elvis et Mickael, je veux dire. Brel, Claude François, 78. En 80, nous avons Joe Dassin à Tahiti, John Lennon à New York. Le lendemain de la mort de Barbara, en novembre 97, je chourais des partitions dans un magasin de musique, à Metz. Je m´souviens, un mardi
Attention, si on va trop loin dans le temps, ça marche plus. Molière, Mozart, Louis XIV, ça imprime pas Je peux descendre jusqu´à Victor Hugo, 1885, mais c´est dans le contemporain que je pète le score. Ça se fait tout seul, sans effort. Je retiens les dates des morts
Et puis, il y a mes morts à moi. Mes « chères ombres », comme disait Marcel Pagnol (1974). Mes chères ombres. Mes chères dates...
Steve Jobs ? 2011, comme Kadhafi. J´étais sur les routes avec Alexis HK et Renan Luce, on était bien vivants. Parfois je dis: Ah, attends, me dis pas, je l´ai, me dis pas, me dis pas... Guillaume Depardieu... 2008, c´est ça ? Parfois, je sèche, mais il y a toujours un moment où je deviens un peu flippant, où on se met à me regarder bizarrement. En général, autour du dixième. J´adore. Tell me mort
Faut actualiser, y a toujours des entrants, roulez jeunesse ! Si un jour les contributeurs du financement participatif de cet album m´invitent à dîner, c´est pas moi qui en aurai marre le premier
Staline ? 5 mars 53. Ça fait 5, 3, 5, 3, facile. Albert Einstein ? 1955, comme James Dean. Une grosse tronche, une belle tronche. Romy Schneider ? 1982. Un autre ? Oh ! Ouh ouh ! Bah, partez pas ! Bah y a encore plein de morts ! Oh !