Ben quoi les matelots ! Vous avez tous la frousse Eh oui, je le sais bien Il est vieux mon trois mâts Mais il lui faut douze hommes
Un capitaine un mousse Qui le ramèneront dans le Guatemala Alors pendant huit jours Il cherche un équipage Contraint de le former De marins d´occasion Vagabonds sans aveu Dont certains tatouages Affichent l´anarchie et la révolution. Mais lui le malabar Lui qui n´a peur de rien Au moment du départ Leur dit : je vous préviens !
Je suis le maître à bord Moi seul, je suis le maître Bien des costauds des forts Ont dû le reconnaître.
Je vous promets, moi commandant Double ration, bon vin, bonne goutte, Je serais juste et indulgent Oui mais il faudra qu´on m´écoute. Et maintenant le cap au Nord Je suis le maître à bord !
Depuis quarante jours, le navire est en route, Les vents sont contre lui, la mauvais temps aussi Et bientôt plus de vivres et plus d´eau dans les soutes, On sent que la révolte est à bord et grandit. S´avançant dans la nuit, quatre hommes fous de rage, Vont, l´insulte à la bouche, le couteau à la main, Parler au capitaine au nom de l´équipage, "Il faut que tu nous donnes du biscuit et du vin"
Alors le malabar leur dit" Voyez là-bas, Voyez briller ce phare, c´est le Guatemala" Je suis le maitre à bord. Ce soir, demain j´espère, Nous toucherons au port, vous serez libres à terre Oui mais ici, mille sabords, je n´admets pas la moindre riposte Je mâterai tous les plus forts Que chacun regagne son poste. Sur vous, j´ai droit de vie, de mort, Je suis le maitre à bord
Mais la brise fraichit, balloté par la houle, Le trois-mâts va tanguant, sous la force du vent. De tribord à bâbord, il va, il vient, il roule,
"Qu´on me donne la barre" a dit le Commandant. Bientôt c´est l´ouragan, on ne voit plus le phare, Les voiles se déchirent et les flots furieux, Enlèvent un marin..alors le malabar Sent le trois-mâts craquer et crie "Sauve qui peut! Les canots à la mer..Que Dieu veille sur vous" Et tous les matelots crient : Venez avec nous.."
NON... Je suis le maître à bord Je dois le reconnaître Mes droits me rendent fort Me font parler en maître Mais le devoir commande encore
Demeure au pied du mât de misaine Tu ne dois pas quitter ton bord C´est le devoir du capitaine. Et maintenant, face à la mort Je suis le maître à bord !