C´était une fille une fleur du faubourg qui comme d´autres s´était mise à boire pour oublier quelque chagrin d´amour c´est des gueux l´éternelle histoire courant les rues son p´tit gosse un batard
chaque soir la retrouvant grise au bar du coin titubant l´oeil hagard tout échevelée et clamant des bêtises sans comprendre alors le gamin lui disait en pressant la main
Viens, maman ils t´regardent ils t´appellent la pocharde pourquoi donc ces hommes-là derrière toi rient comme ça moi j´veux pas, ma p´tite mère qu´on te fasse des misères j´suis pas fort j´suis pas grand mais tu vois j´te défends viens, maman viens, maman
C´était l´hiver il sortait d´l´atelier près d´un bar il vit une foule se bousculer et semblant s´égayer il entend parbleu elle est saoule c´était sa mère affalée dans le ruisseau l´gosse alors bravant tous les rires les mots railleurs et grossiers des badauds puis à genoux tendrement s´mit à dire ces gens-là auraient plus de pitié s´ils savaient ton triste passé
viens maman ils t´regardent ils t´appellent la pocharde mais toi donc tu n´dis rien ton regard semble éteint
comme c´est lâche cette foule qui piétine une femme saoule quand la boue et le sang souille ses cheveux blancs pauv´maman pauv´maman