J´ l´ai rencontré au bistrot du port Où la servante était chauve Il était sec comme un hareng saur Il avait des yeux de fauve Mais quand il me parla d´amour
Avec l´accent breton d´un gars du Périgord Puis quand il m´a dit sans détour "J´arrive des mers du Sud", moi j´ai perdu le Nord
C´est comme ça que je suis devenue une fille à matelot À Saint-Malo Et que pour son malheur, j´ai vendu dans la rue Du péché (Du péché aux pêcheurs naturellement) De poissons
Sortant un soir des bras d´un marin J´ai croisé mon légionnaire Il sentait bon le sable et le vin Ce caporal ordinaire Quand il m´a dit "Je suis tatoué
Je crache à dix-huit pas" Ça m´a fait froid dans l´ dos Vingt-cinq minutes on s´est aimé Puis après, comme un chien, moi J´ai suivi mon cabot
C´est comme ça que je suis devenue une fille à soldat À la casbah Et qu´ j´ai vendu mon corps aux p´tits gars ténébreux Qu´on appelle – bien à tort d´ailleurs – des joyeux
Mais des soldats, encore des soldats C´est toujours des militaires Et je m´ suis dit "Faut aller là-bas Au pays des millionnaires"
Mais à New York on me chasse Ce fut pour moi l´abomination d´ la... L´abomination d´ la désolation Seul un grand nègre se présenta Et comme j´avais le noir, moi J´ai pas répondu non
C´est comme ça que je suis devenue une fille à négro À Chicago (J´ai oublié, m´sieurs-dames, de vous dire que la chanson s´appelle "La fille à tout l´ monde") Elle est à Chicago Mais plus tôt ou plus tard C´est jamais par hasard Qu´une punaise – surtout une punaise qui fait un métier comme ça, pensez ! - Une punaise a sa part