Dans la fumée des faubourgs populaires Où qu´ ça sent fort la sueur et la misère Les ouvriers répondent à l´appel Des mille sirènes qui sifflent dans le ciel Mais la plus belle de toutes ces sirènes
C´est une brave fille à la mine sereine Et chaque soir elle est le réconfort De ces bouchers, des chétifs comme des forts Le regard pur et le front innocent Elle a les mains toutes couvertes de sang
C´est la brave fille des abattoirs À la Villette, il faut la voir Assister au dernier supplice Des pauvres taureaux, des pauvres génisses Au porc qui souffre avant l´ saloir Elle apporte un suprême espoir Viande à saucisses Faut qu´ les riches, i´ s´ l´emplissent
Manger d´ la viande, c´est bon pour la santé Oui mais voilà, i´ n´ faut pas abuser Car on s´habitue vite à la grande vie
L´alcool, le tabac et tout c´ qui s´ensuit Ce fut le cas de cette brave fillette Puis elle connut Mimile de la Villette Qui, très brutal comme le sont ces bouchers Vite lui montra sa façon de l´aimer Tout d´ suite après, comme dans un grand frisson Certes un peu tard, elle répondit non
C´est la brave fille des abattoirs À la Villette, il faut la voir Assister au dernier supplice Des pauvres taureaux, des pauvres génisses Au porc qui souffre avant l´ saloir Elle apporte un suprême espoir Viande à saucisses Faut qu´ les riches, i´ s´ l´emplissent
Mais un jour, à la porte de la Villette
Elle voit Mimile avec une autre brunette Alors, dans l´ombre se faufilant sans bruit Elle lui donna un grand coup de fusil Elle prend sa revanche et Mimile s´affaisse Et la brave fille s´écrie, vengeresse "Tu m´as déchiré mon cœur de vingt ans Je vais t´arracher le tien maintenant" Alors, roulant par-dessus les fortifs Le cœur de Mimile gémissait plaintif
C´est la brave fille des abattoirs Dans un rictus, il faut la voir Ricaner de ce cœur meurtri Par un simple coup de fusil Alors, voyez, messieurs et dames Toute la tristesse de ce drame Faut qu´ ça finisse ! Plus d´alcool, plus de vice