Mon père qu´était garde-barrière M´a dit "Mon p´tit, faut travailler" J´avoue que pour un fonctionnaire C´était rudement bien parlé Dès lors, je cherchai une carrière
Qui ne fut pas encombrée Je l´ai trouvée l´année dernière Mais, hélas, j´ai vite constaté
Qu´y a d´ la morte saison Dans la vente des cocardes Du quatorze juillet C´est une belle profession Mais quand on y regarde C´est un peu saisonnier
On a beau être patriote Et vouloir servir la Nation On s´ demande si les sans-culottes Connurent tant de privations
Car si y a du pébroc Et que la pluie s´en mêle
On perd toute son année Pour liquider le stock Faut attendre que revienne Le quatorze juillet
J´avoue humblement qu´ j´aime la danse Et en ce jour de liberté Quand les joyeux couples s´élancent J´ voudrais bien les imiter Mais la noble voix d´ la prudence Me répète : C´est pas pour toi Tu bosses quand les autres dansent Oui, bien sûr, mais rappelle-toi...
Qu´y a d´ la morte saison Dans la vente des cocardes Du quatorze juillet Oublie les tentations
Car demain, prends-y garde Il te faudra manger
Mais voyant les gars et les filles Qui tournent, tournent à petits pas Je m´ dis qu´ la prise de la Bastille C´est bête que ça tombe ce jour-là
Devant la situation J´ai dit aux camarades Que je quittais l´ métier Y a trop d´ morte saison Dans la vente des cocardes Du quatorze juillet
Et c´est pour cette raison Que je vends à présent Du muguet