J’aime les noirs velours
Les cuirs au parfum lourd
Les soies arachnéennes
Les fourrures païennes
Peluches duvet fin

Et angora câlin
Les lits à baldaquins
Les trônes en rotin
Les fauves bien-aimés
Pour le sol sacrifiés
J’aime la fleur de sel
De l’écume et du gel
De la mer de platine
Lorsque le jour décline
Le jasmin en étoiles
Pour les boucles nuptiales
J’aime les foins poudreux
Le cannabis en feu
Quant à la cocaïne
C’est pas pour mes narines
J’aime les soies brochées
Qui s’en vont en soirée
Les blanches mousselines

Aux vapeurs assassines
Les capes de vison
Gris comme l’horizon
De menaçants nuages
Et de lune d’orage
Mais les jeans j’aime aussi
Moulant queues et pussys
J’aime les marées noires
On the rocks dans les bars
J’aime les scotchs tourbés
Dont l’ambre est un baiser
J’adore le champagne
Que la poire accompagne
Je ne dédaigne pas
La vodka la bourrha
Les caïpirinhas
Le gin la tequila

En revanche je hais
L’odieux café au lait
L’affreuse limonade
Les bols de cidre fade
Le vil Orangina
L’affreux Coca-Cola
Le décaféiné
Et l’horrible maté
L’eau chlorée de la Seine
La bière plébéienne
J’aime les escarpins
Aux nœuds verts de satin
Que Marie-Antoinette
Arborait pour ses fêtes
Les bottines lacées
Pour mignonnes racées
Les chaussons rouge sang
Des petits rats dansant

Les soques haut perchées
Rubans d’agneau glacé
J’aime les forts gaillards
Leur pieu de Trafalgar
Lolitas sans vergogne
Aux jambes de cigogne
Les mamas parées d’or
Les voyous sur les ports
Les vieilles dames fines
Au visage en farine
Les archanges bandant
Dans leur sommeil d’infant
J’aime la pluie brillante
Dans les rues qu’elle enchante
La neige qui sourit
Sur la ville anoblie
La glace sur le fleuve
Comme une robe neuve

Les doux frissons du vent
Compagnon des enfants
Soleil bachi-bouzouk
Va t’faire voir chez les ploucs