Voyant tes remous, tes ressacs Tout au long du quai rectiligne Un moment, je t´avais crue digne De m´écouter vider mon sac
Tout comme on parle dans l´oreille D´un chien, compagnon de malheur, Quand on n´a pas assez d´oseille Pour s´approprier la blondeur D´une fille à la peau bien tendre Qui fait bien semblant de comprendre Et vous vend un peu de douceur, J´allais te confier mes alarmes, Mes fatigues et mes regrets
C´est bête à dire, j´étais prêt À te grossir de quelques larmes Contenues depuis trop de jours Et d´amertume bien salées
Mais ta flotte s´en est allée Insensible, suivant son cours Roulant au pied de l´escalier
Tant de mètres cubes à l´heure
Tu t´en fous qu´on vive ou qu´on meure T´es plus bête qu´un sablier !
C´est normal, t´es un personnage, Ta place est faite au grand soleil Les hommes et toi, c´est tout pareil Y a pas de pitié qui surnage T´es vaseuse dans ton tréfonds !
Et je m´en vais, adieu la Seine ! Tu sais, avant que je revienne, De l´eau coulera sous tes ponts !