Quand j´aurai bien souffert de mon âme muette Qui contenait le rythme et les rayons humains, Sans l´avoir jamais vue, en des planches secrètes, Des hommes la cloueront, ironique destin !
Car ce que j´ai chanté n´est encor que silence, Et mon coeur et mes yeux, mon élan contenu, À travers la torpeur de la matière immense, Sombreront sans un mot, à jamais inconnus.
Quand le fier mouvement sera le froid rigide, Quand les beaux yeux pleins d´univers seront creusés, Quand la danse des pieds, quand le baiser humide Seront le sec, l´immobile, le décharné,
C´est cela, c´est cela, ô ma pure lumière, Lumière interne, ô ma musique des confins, Quand il faudra que, citadin au cimetière, Ton pauvre coeur pourrisse avec tes jeunes mains !
Quand le plaisir a fui de la bouche muette, Le sourire ignoré ne vit que sur le front, Lumière de l´esprit et de l´âme secrète, Appel mystérieux de l´aurore aux rayons