Chez le grand bijoutier la vitrine étincelle Des bijoux scintillants que les écrins recèlent Emeraudes, rubis, saphirs et diamants C´est la fête des yeux, c´est un enchantement
Quand vient le soir, sur ces richesses Le rideau de fer se baisse Et le veilleur de nuit, seul dans l´obscurité, Garde le trésor convoité
Il est deux heures du matin Et dans la rue, pas un murmure Qu´est-ce donc ? Le veilleur soudain Entend qu´on force la serrure
La porte s´ouvre doucement Un par un, trois hommes se glissent Ils vont silencieux, rampant Parmi les ténèbres complices
Et le veilleur de nuit Caché dans un coin sombre Voit tout à coup des ombres
S´avancer près de lui
Il fait feu, brandissant son arme Une chute, un cri de douleur, Le vieux hurle ces mots "Voleurs ! Voleurs ! Voleurs !" Et l´écho de la nuit porte ce cri d´alarme
Deux des fripons se sont enfuis Le vieux fait jaillir la lumière Un homme est là, le front rougi Par une balle meurtrière
Il s´approche. Horreur ! C´est son fils qui, Pour aller vivre sa vie, Quitta sa famille jadis Voleur, lui ? Quelle infamie !
Et le veilleur de nuit, Soudain la mine sombre, Voit de lugubres ombres Danser autour de lui
L´œil hagard et l´âme meurtrie Tenaillé d´atroces douleurs Il pleure, il chante, il crie "Voleurs ! Voleurs ! Voleurs !" Et l´écho de la nuit Répète sa folie