Dans un village perdu, En haut de la montagne Un vieil homme barbu Comme s’il sortait du bagne Les cheveux mal peignés
Mange des araignées Qu’il sort d’un vieux sac Pendu à son hamac
Souvent il lève les yeux Et regarde les nuages Immobiles sur l’image Punaisée au milieu D’un parfait Cercle rouge Dessiné à la craie Sur un mannequin qui bouge Au gré du vent frais
Un vieux chien fatigué Est allongé sur un canapé Il bougonne en dormant Comme son maître en marchant Vers la porte entre ouverte
Qui donne sur la nature A la saison des températures Qui fait toutes les plantes vertes Le vieillard sort de sa poche Un long couteau pointu Qu’il caresse et approche De la tête d’une tortue Qu’il tranche sans faiblesse ni tristesse Et se lave les mains Dans une cuvette rouge carmin Posée sur une vielle caisse Le chien aveugle trainant la pate Ecoute tristement Son maitre en savate Qui le suit lentement Jusqu’au bout de la cour déserte Et puis s’arrête soudain quand la lame d’un bruit sourd trouble la vieille peau du chien
Le vieillard pleure alors Comme un enfant perdu Il crie pardonnez mes abus On m’a jeté un sort Le soir de ma naissance Et puis il s’imbibe d’essence Et puis il allume le feu En regardant l’image des cieux Le vieillard pleure alors Comme un enfant perdu Il crie pardonnez mes abus On m’a jeté un sort Le soir de ma naissance Et il s’imbibe d’essence Et puis il allume le feu En regardant l’image de dieu là-haut