Titre : L´autre nuit, je veillais dans mon lit sans lumière
L’autre nuit, je veillais dans mon lit sans lumière, Et la verve en mon sein à flots silencieux S’amassait, quand soudain, frappant du pied les cieux,
L’éclair, comme un coursier à la pâle crinière,
Passa ; la foudre en char retentissait derrière, Et la terre tremblait sous les divins essieux : Et tous les animaux, d’effroi religieux Saisis, restaient chacun tapis dans leur tanière.
Mais moi, mon âme en feu s’allumait à l’éclair ; Tout mon sein bouillonnait, et chaque coup dans l’air À mon front trop chargé déchirait un nuage.
J’étais dans ce concert un sublime instrument ; Homme, je me sentais plus grand qu’un élément,
Et Dieu parlait en moi plus haut que dans l’orage.