đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

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Artiste : Charles-Augustin Saint Beuve
Titre : Le Calme
Ma muse dort comme une marmotte de mon pays
 Comme il vous plaira, ma verve ; ce qu’il y a de sĂ»r, c’est que je ne ferai rien sans vous.
Ducis.

Souvent un grand désir de choses inconnues,
D’enlever mon essor aussi haut que les nues,
De ressaisir dans l’air des sons Ă©vanouis,
D’entendre, de chanter mille chants inouïs,
Me prend à mon réveil ; et voilà ma pensée
Qui, soudain rejetant l’étude commencĂ©e,
Et du grave travail, la veille interrompu,
Détournant le regard comme un enfant repu,
Caresse avec transport sa belle fantaisie,
Et veut partir, voguer en pleine poésie.
À l’instant le navire appareille : et d’abord
Les cùbles sont tirés, les ancres sont à bord,
La poulie a crié ; la voile suspendue
Ne demande qu’un souffle à la brise attendue,
Et sur le pont tremblant tous mes jeunes nochers
S’interrogent dĂ©jĂ  vers l’horizon penchĂ©s.
Adieu, rivage, adieu ! - Mais la mer est dormante,

Plus dormante qu’un lac ; mieux vaudrait la tourmente !
Mais d’en haut, ce jour-lĂ , nul souffle ne rĂ©pond ;
La voile pend au mĂąt et traĂźne sur le pont.
Debout, croisant les bras, le pilote, Ă  la proue,
Contemple cette eau verte oĂč pas un flot ne joue,
Et que rasent parfois de leur vol lourd et lent
Le cormoran plaintif et le gris goëland.
Tout le jour il regarde, inquiet du voyage,
S’il verra dans le ciel remuer un nuage,
Ou frissonner au vent son beau pavillon d’or ;
Et quand tombe la nuit, morne, il regarde encor
La quille oĂč s’épaissit une verdĂątre Ă©cume,
Et la pointe du mĂąt qui se perd dans la brume.