À madame ***. La fine del mio amore fu già il saluto di questa donna, ed in quello dimorava la beatitudine del fine di tutti i miei desideri. Dante, Vita nuova.
I
Ô laissez-vous aimer !… ce n’est pas un retour, Ce n’est pas un aveu que mon ardeur réclame ; Ce n’est pas de verser mon âme dans votre âme, Ni de vous enivrer des langueurs de l’amour ;
Ce n’est pas d’enlacer en mes bras le contour De ces bras, de ce sein ; d’embraser de ma flamme Ces lèvres de corail si fraîches ; non, Madame, Mon feu pour vous est pur, aussi pur que le jour.
Mais seulement, le soir, vous parler à la fête, Et tout bas, bien longtemps, vers vous penchant la tête,
Murmurer de ces riens qui vous savent charmer ;
Voir vos yeux indulgents plus mollement reluire ; Puis prendre votre main, et, courant, vous conduire À la danse légère….. Ô laissez-vous aimer !
II
Madame, il est donc vrai, vous n’avez pas voulu, Vous n’avez pas voulu comprendre mon doux rêve ; Votre voix m’a glacé d’une parole brève, Et vos regards distraits dans mes yeux ont mal lu.
Madame, il m’est cruel de vous avoir déplu :
Tout mon espoir s’éteint et mon malheur s’achéve ; Mais vous, qu’en votre cœur nul regret ne s’élève, Ne dites pas : « Peut-être il aurait mieux valu… »
Croyez avoir bien fait ; et, si pour quelque peine Vous pleurez, que ce soit pour un peigne d’ébène, Pour un bouquet perdu, pour un ruban gâté !
Ne connaissez jamais de peine plus amère ; Que votre enfant vermeil joue à votre côté, Et pleure seulement de voir pleurer sa mère!