Je t´aime C´est à la fois bête et banal Ça tient du roman du journal
Qu´on achète par habitude C´est à la fois peu et beaucoup Je t´aime et ça tient pas le coup C´est désarmant de platitude Ça crève de banalité J´aurais pu dire : "Ma beauté" Voici des feuilles et des branches Quelqu´un d´autre l´a déjà dit Je dis : "Je t´aime" vendredi Et le répète le dimanche
Je t´aime, je t´aime, je t´aime
Je t´aime Comme un prestidigitateur Qui ne sortirait que l´as de coeur Je dis : "Je t´aime" et puis je flanche Je reste en rade et voilà tout
Je t´aime et c´est mon seul atout Et je n´ai plus rien dans la manche Ça devrait être suffisant Je t´aime mais en le disant On sent qu´il faudrait autre chose Je t´aime ça se joue placé Et quand Larousse l´a classé C´était pas dans les pages roses
Je t´aime, je t´aime, je t´aime
Je t´aime J´ai fouillé les anthologies Et chaque soir à la bougie Entre Hugo et Apollinaire Je cherche les combinaisons Pour inventer dans ma chanson Un "Je t´aime" extraordinaire
Mais y a des imaginatifs Qui tirent les mots par les tifs Et pillent le vocabulaire Il ne me reste qu´un chétif "Je t´aime" et c´est définitif Y a plus rien dans mon dictionnaire
On a beau faire tant et plus On n´a rien fait de plus cucul Et le monde tourne quand même Tant pis, là je m´avoue vaincu Maintenant que tout est foutu Me reste qu´à dire : "Je t´aime"
Je t´aime, je t´aime, je t´aime Je t´aime Je t´aime, je t´aime, je t´aime Je t´aime