Quand je reste seul à Paris Qu’avec les enfants tu as pris La route fleurie des vacances Grâce à Dieu et à la magie De l’art de la photographie
Je me sens moins seul que tu penses Je prends mon album et je l’ouvre Et l’instant suivant je te re-dé-cou-vre
Toi joli bébé joufflu Serrant sur ton corps nu Un petit chiot fidèle Toi en larmes qui ruissellent Éperdue À l’entrée de la maternelle
Toi au jour de tes dix ans Soufflant les yeux brillants Les bougies de ton âge Toi à quinze ans sur la plage Arborant Les fruits naissant de ton corsage
Toi canotant sur un lac Toi sortant de la fac Toi faisant des grimaces Toi serrée contre quelqu’un Qu’un rasoir assassin A découpé la face
Et me voilà Penché tout attendri Sur ces photographies Mal cadrées, désuètes Quand ému je feuillette Du coeur comme du doigt L’album de toi
Toi ravissante au printemps Les cheveux dans le vent Roulant à mobylette
Toi poussant la chansonnette Imitant Voix et gestes d’une vedette
Toi pour un bal habillé Dans un décolleté Laissant peu de mystère Moi plutôt con à l’arrière Empoté Dans mon costume militaire
Toi au premier rendez-vous Si le cliché est flou Ma main tremblait sans doute Toi dans l’église à Neuilly Le jour où sur un « oui » Dieu unissait nos routes
Alléluia ! Bénis soient tes parents Qui ont pendant des ans Grâce à Nicéphore Niépce Eu le brillant réflexe De composer pour moi L’album de toi
Toi férue d’écologie Défilant dans Paris Pour sauver la planète Toi coquine, toi coquette Une nuit De quatorze juillet en fête
Toi débarquant à Roissy De vacances de ski
La jambe dans le plâtre Toi rêveuse devant l’âtre Très diva Très héroïne de théâtre
Toi dans de larges atours Posant avec humour Belle dans ta grossesse Toi serrant sur ton sein lourd Le fruit de notre amour Six livres de tendresse
Et je suis là Qui colore en rêvant Ces vues en noir et blanc D’un beau livre d’images Et que page après page Vient enrichir pour moi
L’album de toi
Toi Que divers objectifs Ont saisie sur le vif Depuis ta prime enfance Au gré des circonstances Pour porter jusqu’à moi