Donne chez lui Une grande mazurka Tout Paris se presse et danse Aux accents, à la cadence D´une musique qui fait Ram comme ci Et puis Ram comme ça Les laquais se sont levés tôt Pour astiquer des plateaux hauts Qu´ils balancent Pleins d´aisance Présentant des p´tits-beurre exquis C´est la fête Qui s´apprête Chez le Mécène Randowski
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Le consul du Pérou
N´a pas vu qu´il y a un trou Au revers de sa jaquette Et pendant qu´il fait la quête Pour une œuvre insensée Celle des éléphants délaissés Un ambassadeur s´énerve Devant un buste de Minerve D´une phrase En extase Il détaille les contours charmants De la statue Devêtue Mais pas impudiquement
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Soudain la Traviata Retentit dans le galetas
C´est la voix d´une femme de chambre Qui de janvier à décembre Fait étal sans détour D´un cristal de coloratur´ Si l´on demande au Mécène : « Quand va-t-elle monter sur scène ? » Il hésite : « Cette petite Oui ma foi est très bien chez moi Et je gage que ses gages Seraient plus bas à l´Opéra »
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Mais un p´tit incident Ou plutôt un gros incendie Rend ce beau monde hystérique On applaudit en panique Le quadrille des lanciers
Dansé par les sapeurs-pompiers Je vois un manteau de loutre Prisonnier sous une poutre Dans sa loge s´interroge La concierge (une centenaire) Elle déclare : « C´est bizarre » J´aurais préféré le tonnerre
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La fête est terminée Les dames sont désenfarinées Et leurs belles robes de moire Sont remplies de taches noires Dès demain chez l´coiffeur Elles changeront leurs cheveux de couleur Quant au nonce apostolique Il a toujours la colique
Dare-dare on se sépare Et dehors y a un peu d´crachin Le Mécène quitte la scène Et dit : « À mardi prochain. »