J´entends ma mie Les grands bulldozers Dans la prairie Ils donnent un concert Et leurs chenilles
Qui s´éparpillent Vont transformer en enfer Les coins champêtres Que nous aimons tant, Le bois de hêtres La source d´antan Et la piscine Qu´on assassine Nous dit : « Adieu mes enfants »
Dans la poussière, Spectacle navrant, On voit des pierres Qu´un monstre savant, Triste machine Courbant l´échine Choisit et cueille dans le vent Adieu la vigne
Adieu cerisiers Qui restez dignes Comme des fusillés On vous emporte La vie est morte Adieu chemins et sentiers
À coups de pelle, À coups de marteau, Tombe la chapelle En haut du coteau… Et sur la roche Se meurt la cloche En disant : « Gratias Deo » ; Voilà ma mie Les grands bulldozers Dans la prairie Où plus rien n´est vert
Demain sans doute Quelqu´autoroute Passera dans ce lieu désert.