Un indien fume, fume.
Deux indiens portent plumes.
Trois indiens, oui, je le crois,
Sont comme vous et moi.
Un Inca chasse, chasse

Sans tracas, sans échasses,
Un amas de lama
Et des alpagas.
Un Huron virevolte,
Tourne en rond, en révolte
Un western un peu terne
À usage externe.
Celui-ci, hors série,
Pour la vie se marie
Avec la fille, dit-il-
De Buffalo Bill.
Celui-là, très sévère
Fait son choix, quelle affaire!
Enfermant à lui seul
Dans un grand linceul
Plus de cent visages pâles,
De femelles et de mâles.
Puis, il est bien occupé

À bien les scalper.
Et cet autre, bon apôtre,
En tout lieu, est des nôtres,
C’est un doux Iroquois.
Merci. Y’a pas de quoi!
Il fait bien la cuisine,
Il  soutient la bassine
Et nous grille de bons steaks
Aidé d’un Aztèque.
Le meilleur est sans doute
Par ailleurs sur les routes,
Sur un beau cheval blanc
Il y fait semblant
De déjouer une horde
Attrapée à la corde.
C’est un as du lasso
Mais il est puceau.
Pourtant une jeune pucelle

Près de lui, sur la selle,
En faisant les yeux doux
Lui chatouille le cou.
Mais le soir ils se quittent.
Chacun part dans son gîte.
Elle murmure « mais à quand?
À quand, Mohican?»
De quoi vivent ces Apaches
Qui dérivent sans attaches
Au bord du Grand Canyon?
Ont-ils du pognon
Pour acheter ces attelages,
Ces mulets hors d’usage
Et ce petit âne en fête,
L âne des poètes?
Puis-je dire que cette réserve
Va dormir en conserve
Dans des boîtes de métal

Très occidental!
Et qu’un film qui se déploie
Lors des abîmes fera la joie
D’une famille attelée
Devant la télé.
Les mirages sont faciles.
Les enfants sages des villes
S’y complaisent, moi aussi,
Quand c’est réussi.
Indiens et bêtes sauvages
Font du bien à cet âge.
Le Pérou, dans ce cas,
C’est le Titicaca.
See you soon, les Rocheuses,
Les saloons, les danseuses!
Il est temps d’en finir
Pour nous endormir.
Qu’on est bien dans un nuage!

Un Indien en voyage
Nous revient à pas de loup,
Mesdames et mes Sioux!