Je vis dans une opérette J´y suis marquis et de jolies soubrettes M´époussettent et m´embrassent tous les matins En me disant : « Bonjour, Monsieur d´Saint-Quentin ! »
Je porte une perruque de neige Et par la porte qu´un truc change en manège On ne me voit qu´avec des êtres légers Quelle chance j´ai ! Demain j´marie ma fille avec un sombre idiot Qui sait danser l´quadrille mais n´sait pas dire un mot. La nuit si j´suis attaqué Par des bandits plus ou moins masqués J´leur chante alors un air en do dièse majeur Sans avoir peur.
La suite se passe en Espagne À la va-vite on plante un mât d´cocagne Fête populaire où vient l´évêque de Burgos Dans un carrosse plein de bosses poussé par des gosses. Il y a là une drôle de scène
L´épiscopat me prend pour un mécène Et nos profils étonnés et rubiconds Plaisent au balcon… La fin du troisième acte est rapide en coup d´fouet L´histoire se décontracte et l´rideau tombe à souhait Mais moi je sais qu´ce rideau Ne tombe pas et demeure tout là-haut Et c´est ainsi qu´jamais ne s´arrête Mon opérette.
Je vis dans une lumière Qui m´éblouit mais qui m´est familière Le vrai, le faux s´entremêlent à qui mieux mieux Quand je repeins le ciel c´est pour qu´il soit bleu
J´apprivoise au cours d´ma vie Pour mon extase l´ordre et la fantaisie Et de mes larmes je fais d´étranges colliers Qu´on voit briller. J´aime tout ; il y a vraiment très peu d´choses qui m´dérangent Suis-je fou d´offrir parfois quelques roses à des anges ? Pourquoi n´aurais-je pas aussi Le droit d´avoir un grand bonheur ainsi Mais avec vous amis, meilleurs interprètes D´mon opérette !