Le soleil gît sur le sol Litre de vin rouge brisé Une maison comme un ivrogne Sur le pavé s´est écroulée Et sous son porche encore debout
Une jeune fille est allongée Un homme à genoux près d´elle Est en train de l´achever Dans la plaie où remue le fer Le cœur ne cesse de saigner Et l´homme pousse un cri de guerre Comme un absurde cri de paon Et son cri se perd dans la nuit Hors la vie hors du temps Et l´homme au visage de poussière L´homme perdu et abîmé Se redresse et crie « Heil Hitler ! » Dune voix désespérée En face de lui dans les débris D´une boutique calcinée Le portrait d´un vieillard blême
Le regarde avec bonté Sur sa manche des étoiles brillent D´autres aussi sur son képi
Comme les étoiles brillent à Noël Sur les sapins pour les petits Et l´homme des sections d´assaut Devant le merveilleux chromo Soudain se retrouve en famille Au cœur même de l´ordre nouveau Et remet son poignard dans sa gaine Et s´en va tout droit devant lui Automate de l´Europe nouvelle Détraqué par le mal du pays
Adieu adieu Lily
Marlène Et son pas et son chant s´éloignent dans la nuit Et le portrait du vieillard blême Au milieu des décombres Reste seul et sourit Tranquille dans la pénombre Sénile et sûr de lui.