💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Coluche
Titre : L´étudiant
J´me souviens, quand j´étais petit, à la maison :
Le plus dur, c´était la fin du mois.... surtout les 30 derniers jours !

Parce qu´à cette époque là, mon père il travaillait à mi-temps, comme il disait.
Il travaillait 12 heures par jour...
Le reste du temps, il faisait c´qu´il voulait.
Heu... Il allait bosser avec son vélo, Il revenait de bosser avec son vélo, il bossait...
Il faisait c´qu´il voulait.

Donc là, y´avait beaucoup de boulot pour les ouvriers...
Ils étaient pas beaucoup payés, mais y´avait beaucoup de boulot.
Maintenant, ils sont mieux payés les ouvriers...
Mais c´est fini... y´a plus de boulot.
- "Circulez y´ a rien à voir !
Allez, hop !"

Et mon père, - qu´avait été un employé modèle pendant 25 ans, dans la même crèmerie et tout - Viré !

Chômiste ! Jusqu´à la fin de sa mort ! Toute sa vie !

Alors, il avait écrit aux administrations :
Monsieur,

Je m´excuse de vous déranger pendant la sieste.

Alors, voilà.
J´ai fait tout qu´est-ce qu´on m´a dit.
- J´ai fait la guerre avec les allemands... ou contre les allemands même !
Non, « avec », dans le fond ils la faisaient aussi eux.

- J´ai fait comme on m´a demandé, deux enfants virgule six.
J´en ai fait trois... J´ai pas trouvé la virgule.

Maintenant, j´ai plus de travail...
Je voudrais savoir : Qu´est-ce qu´il faut que je fais ?"

Et ils ont répondu :
Monsieur,

Écrivez-nous de quoi vous avez besoin...
On vous expliquera comment vous en passer !
C´est sympa, ils sont pas obligés de s´occuper de tout le monde.

Alors on s´est démerdé à la maison, parce qu´avant on était habitués à se démerder.

Mon père gagnait pas beaucoup d´argent, quoi, avant.

Après non plus, puisqu´il était chômeur....
C´est pas que la différence était énorme...
Mais on était CINQ sur la différence.

Mais, mon père, il était philosophe.
Il disait : "On n´a qu´à manger des artichauts.
Les artichauts, c´est un vrai plat de pauvres :
C´est le seul plat que quand t´as fini de manger t´en a plus dans ton assiette que quand t´as commencé."

Il était balaise, mon père ! ...
Il était philosophe... Il était tout pt´it... Il était philosophe... Il était marrant.

Alors, mon père, il voulait que je fais des études.
Surtout, il dépensait beaucoup d´argent, parce qu´il voulait que je fais des études.

Parce que les études, ça coûte vachement cher.
Et encore, moi, je faisais gaffe... j´étais l´un de ceux qui étudiaient le moins.
Et ben, déjà, ça coûte du pognon.

J´allais à l´école vachement longtemps, moi... jusqu´à temps qu´ils ferment.
J´ai été à la faculté, et tout.
J´ai eu comme professeur, j´ai eu le doyen de la faculté, moi... qui les avait plus ses facultés, depuis un moment.
"Orangina", on l´appelait : il était complètement secoué !
Ah bah, nous, on l´a remué... mais on lui a jamais décollé la pulpe du fond !
C´était un mec, il nous vendait de l´intelligence, il avait pas un échantillon sur lui !
Faut le faire, hein, déjà ? C´était marrant !

Alors bon, je faisais des études, parce que mon père voulait que je suis technocrate.
Technocrate, c´est une nouvelle race de fénéants !

Technocrate, c´est des mecs que quand tu leur poses une question, le temps qu´ils ont fini de répondre, tu comprends pas la question que t´as posée.

Mon père disait : "Les technocrates, on leur donnerait le Sahara, dans 5 ans il faudrait qu´ils achètent du sable ailleurs."

Il était balaise, mon père... Il était philosophe... Tout petit... Il était philosophe....

Tout le monde se foutait de sa gueule : - "T´es tout p´tit ! T´es tout p´tit !"
Mon père, il disait : - "Dans la vie, y´a pas de grands, y´a pas de petits...
La bonne longueur pour les jambes, c´est quand les pieds touchent par terre."

Alors moi, j´ai fait mes études, et après, j´ai fait le service militaire.
Alors y´avait l´alcoolique... comment on dit ? ... l´adjudent !
Alors il me dit : - "Et toi qu´est-ce que tu sais faire ?,
- "Je sais rien faire, je sors de l´école...."
- "Pourquoi ? On vous apprend rien à l´école ?"
- Non... Si vous y aviez été, vous le sauriez !
- "Bon, admettons."
Alors il me dit : - "Y´aurait la guerre, tu pourrais même pas défendre ton pays ?"

- "Ben d´abord, ça dépend où ?
Vous voulez faire la guerre à qui ?
Je parle 4 langues..."
- "4 langues ??? ...
Reste-là; tu colleras des timbres !"

Quand j´ai eu fini, alors après j´ai cherché du boulot.
Et c´est là que ça s´est gâté...
Parce que, dans la vie, c´est pas tout d´avoir des bagages... faut savoir où les poser.

Alors, dans ma banlieue que j´étais, les métiers qu´on pouvait faire avec le bac, y´avait voleur...
Mais voleur, c´est pas un métier... c´est les flics qui tirent le plus.
Y´en a un, l´autre jour - un repris de justesse - l´autre jour, qui dit :

« Maintenant, quand on braque une vieille dans la rue; on est obligé de dire :
"N´ayez pas peur madame on est pas d´la police". »

C´est un peu embêtant, ça va peut-être s´arranger.

Sans ça, y´avait le suicide...
Mais le suicide, c´est une sorte de vengeance personnelle...
Et, moi, personnellement j´m´en veux pas, vous voyez ?
Et même, si j´ai l´occasion, j´aimerais mieux mourir de mon vivant.

Alors je me suis assis sur le banc, avec les pochetrons, et j´ai appris un métier : pochetron.

Sauf que eux, ils picolent... moi, je les roule.
Mais, là, j´peux pas vous expliquer... parce que, là, pour le coup, c´est interdit.

M´enfin, c´est sympa !

(c) Coluche