Toi qui traînes ta vie comme un filet de pêche, En marchant tête nue vers les voix de l´amour, Tu sauras qu´ici-bas où chacun se dépêche, Les joies éparpillées font aller et retour. Tu regardes le ciel comme un cadeau de noce.
Tu espères de lui des escaliers d´argent Et puis, désabusé tu reroules ta bosse En courant comme un fou parmi les océans Sur ton beau navire Qui a pour nom " Janot du Matin ". Il y a le bon, le pire Que tu tiens entre tes deux mains. Toi qui pêches au soleil, pauvre pêcheur de lune, Toi qui pêches, à la lune, pauvre pêcheur d´été, Tu essaies d´attraper les étoiles une à une Et chacune est pour toi ta pièce de monnaie.
Tu ressembles, vois-tu, à ce voleur poète Qui fabriquait, dit-on, il y a déjà longtemps Avec beaucoup de soins, car il était honnête, Des pièces de cent sous qui lui coûtaient dix francs.
Je ne sais pas pourquoi on dit en Angleterre : "Chaque verre qui tinte est un marin qui meurt." Que ce soir, s´il vous plaît, il ne tinte aucun verre : J´aurais trop de soucis pour mon pauvre pêcheur ! Sur son beau navire, Qui a pour nom "Janot du Matin", Il est parti sans rien dire En me tendant la main.