Pour autant que je sache tout est comme d’habitude Les hivers seront toujours plus ou moins rudes Quand j’ai quitté le pays tu n’as pas pu me dire au revoir
Je me souviens du départ mais suis-je jamais vraiment parti Si tu n’étais pas restée là-bas je sais bien qu’aujourd’hui Je ne serais pas plus ailleurs que je ne suis ici
J’ai compris que les gens cachent plus ou moins bien leur solitude Et le fait d’être comme les autres s’avère être ma seule certitude J’ai creusé quelques trous pour toi dans ma mémoire Bien que je sois terrifié à l’idée que tu m’oublies Nous n’habiterons plus jamais le même territoire Mais nous partagerons toujours la même patrie
Je ne suis pas plus poète que chauffeur de taxi Pourtant je rédige cette lettre en espérant des clients Derrière le volant gris d’une Mercedes 200 Et j’me dis que si je t’envoyais des phrases assez jolies Qui te parlent de l’ennui dans mon cœur d’immigrant Peut-être m’écrirais-tu un peu plus souvent
Je ne peux te cacher quitte à perdre la face Ma peur de finir étranger dans mes propres godasses Tu disais que tous les quartiers doivent rester dans la lune Et qu’aucune frontière ne devrait dépasser nos bras Je commence à comprendre où était ma fortune
Sache que je vais attendre une lettre de toi Sache que je vais attendre une lettre de toi Sache que je vais attendre