Vous ne trouverez pas leur deux noms sur la liste De cet hôtel gentil pour commis voyageur Le feu a dévoré les meubles, le registre Le grand lit dans la chambre au doux papier à fleurs
Ils avaient pris deux clés pour taire les soupçons Le tramway de Limoge passait sous le balcon Le balcon
Ton mari ne sait rien, ma femme ignore tout Être amants dans la guerre, c’est être amants partout Personne ne saura, mon amour, mon amour Que nous étions ce jour, ici à Oradour
Les hommes étaient aux champs, les enfants à l’école Le boulanger au four, le menuisier au bois Et l’air était parfait aux oiseaux, aux paroles Eux dans les bras ouverts, ils étaient dans les bras
Quand les soldats bouclèrent chaque mur innocent Sur la place de foire, quinze heures étaient sonnants Sonnants
Nous sommes de passage alors que trainent nos noms Être amants dans la guerre, c’est être amants partout On leur expliquera mon amour, mon amour Nos papiers sont à jour, on n’est pas d’Oradour
Sur les pères et les fils, les vieillards en fin d’âge Partout se cachait le crime à mitrailler Et la cloche a fondue sur les mères en cendres Les frères tenant les sœurs par leurs mains enflammées
Ne m’abandonne pas, mourir c’est rien du tout Être amants dans la guerre, c’est être amants partout Tu vois, on leur échappe, allez cours mon amour Ça y est on leur échappe, mon amour
Sur l’herbe toute bleue, un peu avant la glane Les balles les ont frappés en peignoir et pieds nus Là où leurs yeux moururent, la rivière coule en larme La campagne et les arbres ont tout vu, tout vécu Tout vécu
Seigneur, j’ai chanté simplement, j’ai toujours cru en vous Être amants dans la guerre, c’est être amants partout
J’espère qu’il y a au ciel et pour la fin des jours Un grand lit plein d’amour aux amants d’Oradour