Je suis mon propre subalterne Quand je me sens terne et vidé J´accroche mes circuits neuronaux aux idées Et les allume comme des lanternes D´où je me balance comme un singe
La vie est moins dure que le sommeil L´hyper vigilance me réveille Et tout est plein de silence et Tout est peint par l´obscurité T´as l´impression quand tu t´ennuies Que toute ta vie est restée al Dans la présence de la nuit Et des insomnies vespérales Un alien sociabilisé qu´est toujours seul comme un zébra Avec une souffrance si profonde que personne peut le prendre dans ses bras Je suis un voyageur sur place Et ça rend fou mon entourage De jamais partir en vacances L´imagination m´entourage Me sens tout le temps en voyage Il suffit juste que j´y pense
Et j´ai le goût de la goyave (gwayav) L´accent créole de Fort-de-France Qui je suis qui je suis Celui qui s´ennuie Qui connaît déjà la fin des phrases Avant qu´elles ne soient finies On me dit quand on me parle Que je m´absente apparemment Et d´un coup l´espace paraît vaste Je suis comme au bout de l´appartement Des êtres libres font ce qu´ils sont Et moi j´ai dû choisir fantôme Nous n´enfantons pas des enfants Je crois que nous enfantons des atomes Dans ma tête Quand il fait gris Je sais faire se lever le soleil C´est mon super pouvoir
Faut dire A force de partir J´ai dû créer des repères-sonnels
Qui je suis qui je suis Un paradoxe indéfini Je suis un dedans sans dehors D´intériorités infinies Nos connaissances sont que des doutes Je calcule tout sans euphorie Sans apprécier quand il le faut Car trouver par hasard le vrai C´est encore être dans le faux Puis Je vois comme des billes translucides Microscopiques qui sont l´espace autour de moi Et que chacune d´elles créent ce monde Selon leur position
Par rapport à, comment nous voyons la vie Qu´à travers ces gouttelettes Et ce n´est qu´elle Que je perçois Je me sens conscient des choses Et puis je suis dans le blizzard Je suis perdu parfois Je sais qu´on dit que je suis bizarre Je suis victime d´une prise d´otage D´un cerveau qui ne s´arrête jamais Je ne sais pas vraiment qui je suis Quand je m´absente de moi la nuit J´ai l´impression pendant des mois Pendant que je dors Et au réveil Je me réincarne en moi Lorsque mon hyper vigilance Détourne un peu son attention
Et me laisse enfin dormir Je suis une entité Qui, rejette toutes les religions Qui, imagine un genre de Dieu immanent Qui, vit au milieu de notre ventre Qui, est la chaleur et l´énergie Qui, fait lorsqu´on ferme les yeux On brille tous dans la nuit Et quand un jour je disparaîtrai en tant que moi Cette lumière ira ailleurs comme un feu follet sans émoi Je ne suis que le souvenir d´ailleurs que je laisse Dans l´esprit de ceux que j´ai aimé Je ne suis que l´éducation que j´ai eue Et les amis que j´ai croisés Les HLM où j´ai vécu Je suis des afférents sensitives
Associé à votre mémoire Je suis le petit enfant sensible Qui jouait seul pendant des heures dans la baignoire Et je me vois comme éternel D´éléments qui me constituent Car si un jour la vie me tue Mon carbone trouvera une symbiose Et se formera une autre chose Ils ne comprennent pas ma position Et comment je suis neutre à leur cause On s´entend comme des positrons Et des antineutrinos Je ne possède de liberté Que la conscience d´être prisonnier Mais au moins Comme je le sais Je suis un peu plus libre
Que ceux qui préfèrent l´ignorer Je suis calme et réservé Pourtant je fais beaucoup de bruit Comme plus de dix êtres Parce que j´ai peur de l´assumer et disparaître Je suis qu´un amas de cellules Qui fonctionnent dans une vague homéostasie Je suis un vaste monde complexe Et qui possède plus de neurones Qu´il n´y d´étoiles dans la galaxie Pourtant parfois j´ai pas les mots Pour ce qui est gravé dans mon sang Je suis tout à la fois Un chameau, un lion et un enfant Je suis tellement tout en même temps Pourtant je représente l´absence Et il n´y a qu´une chance que j´oublie tout C´est un concert en votre présence