Eh-eh Eux, ils m´disent que j´suis fort, qu´j´vais surmonter ça comme un guerrier, c´est réel Ils savent pas qu´à chaque pas sur le sol, se dérobe sous mes pieds, ils savent pas, ils savent pas, non
Eux, ils m´disent que j´suis fort, qu´j´vais surmonter ça comme un guerrier, han Ils savent pas qu´à chaque pas qu´fais le sol, se dérobe sous mes pieds Et des fois, j´me réveille, la tête remplie de mauvaises idées Puis, j´me console en m´disant que c´est pas parce qu´on ferme les yeux qu´on cesse d´exister
J´suis tellement sonné qu´j´sais même plus par quoi j´voulais commencer Si j´dois dire les choses comme elles m´viennent ou si j´dois les romancer J´ai toujours trouvé les sons sur les daronnes un peu clichés Un peu bateau, un peu facile, un peu tchip, t´sais À vrai dire, j´suis même un peu gêné d´mettre ça en chanson
P´t-être un peu impudique, même si ça part d´une bonne intention Et j´me connais, j´serai forcément frustré après Parce qu´il m´faudrait tout un album pour bien décrire ma peine C´est bien la première fois d´ma vie qu´j´ai aussi mal J´me rappelle encore d´ce foutu appel matinal Tant qu´t´as pas connu ça, tu n´peux qu´imaginer Crois-moi sur parole, à coup sûr, t´imagines mal J´ai encaissé la mort d´mon père quelques années plus tôt La mort d´mon cousin Likoué juste cinq mois avant elle Elle a pris soin d´lui durant une pige et d´mi d´maladie
Allant jusqu´à en oublier d´s´occuper d´elle aussi Et j´crois bien qu´j´tiens ça d´elle le fait de pas s´confier On veut pas s´plaindre, on veut pas déranger, t´as capté ? J´m´en veux tellement d´ces fois où j´lui disais : "J´te rappelle après" Et qu´est-ce que j´donnerais pas pour juste en ré-avoir l´occas´ Et l´pire, c´est qu´c´était pour elle qu´j´courrais après le cash Mais j´aurais juste dû être plus à l´écoute, pauvre tâche Elle voulait pas m´rajouter du stress avec ses problèmes Et comme un trou d´balle, moi, j´croyais juste qu´elle en avait pas
Ma mère, c´était l´genre de personne qui aidait tellement tout l´monde Qu´on s´disait naturellement qu´elle avait pas b´soin d´aide Mais bien sûr, c´est un piège, on a tous besoin d´aide J´fais quoi maintenant ? Là tout d´suite, c´est moi qui ai besoin d´elle Besoin d´ses appels manqués, besoin d´ses réprimandes Son visage fait que d´m´hanter et j´ai les mots qui m´manquent J´ai les larmes qui montent, j´en veux au monde, au cancer, cette sombre bête immonde Maman, quand j´crie ton nom, pourquoi tu m´réponds pas ? J´ai fait quelque chose ? Qu´est-ce qui a ? T´es fâchée ou quoi ?
Combien d´fois j´ai eu des baisses de foi ? J´commençais tout juste à être fier de te rendre fière et de c´que j´faisais pour toi À quoi bon triompher si t´es même plus là pour l´voir ? La vie, c´est beau mais c´est moche, c´est selon son bon vouloir J´ai l´sourire et des larmes dans la voix quand je parle de toi J´ai envie d´sombrer mais j´le ferai pas car j´n´ai pas le droit Tu t´es éteint à deux jours d´ton soixante-cinquième automne Mais bon, c´est Dieu qui reprend vu que c´est lui qui donne Et qu´il m´en soit témoin, j´ai plus envie de rien J´me suis jamais senti plus homme que quand j´te faisais tes soins
Mon cœur s´est déchiré quand j´t´ai vu affaibli d´la sorte Toi qui avais jamais été malade, ironie du sort Tu m´disais toujours : "Do´, fils, t´as trop d´colère en toi" T´étais ma p´tite paix dans ma grande guerre, ma lueur dans l´noir J´ai plein d´textos d´condoléances d´number qu´j´connais même pas J´crois qu´j´ai dû perdre un peu d´poids, j´fais que d´sauter les r´pas J´ai des remontées acides, mes larmes sont amères J´m´endors avec en guise d´ASMR, des vocaux WhatsApp de ma mère J´aimerais faire savoir au monde combien t´étais unique Comment chaque être qui croisait ton ch´min r´ssentait la lumière
J´ai fait accrocher deux portraits d´papa et toi au salon Parfois, on croirait qu´tu m´regardes, c´est carrément lunaire T´as toujours été l´seul vrai grand amour du daron La vérité s´trouve dans c´que les gens taisent, paro C´soir, j´retire mon bob et ma cape de pirate Et j´m´en vais te pleurer jusqu´à c´que mes yeux s´déshydratent