1. Ell´ fréquentait la rue Pigalle, Ell´ sentait l´vice à bon marché, Elle était tout´ noir´ de péchés
Avec un pauvr´ visag´ tout pâle. Pourtant y´avait dans l´fond d´ses yeux Comm´ quequ´ chos´ de miraculeux Qui semblait mettre un peu d´ciel bleu Dans celui tout sal´ de Pigalle.
2. Il lui avait dit : "Vous êt´s belle." Et d´habitud´ dans c´quartier là On dit jamais les chos´s comm´çà Aux fill´s qui font l´mêm´ métier qu´elle ; Et comme ell´ voulait s´confesser Il la couvrait tout´de baisers En lui disant : "Laiss´ ton passé, Moi j´vois qu´un´ chos´, c´est qu´tu es belle."
3. Y´a des imag´s qui vous tracassent ; Et quand ell´ sortait avec lui Depuis Barbés jusqu´à Clichy Son passé lui f´sait la grimace. Et sur les trottoirs pleins d´souv´nirs Ell´ voyait son amour s´flétrir, Alors ell´ lui d´manda d´partir Et il l´emm´na vers Montparnasse.
4. Ell´ croyait r´commencer sa vie, Mais c´est lui qui s´mit à changer, Il la r´gardait tout étonné Disant : "J´te croyais plus jolie, Ici le jour t´éclair´ de trop, On voit tes vic´s à fleur de peau, Vaudrait p´t´êtr´ mieux qu´tu r´tourn´ là-haut
Et qu´on reprenn´ chacun sa vie.
5. Elle est r´tourné´ dans son Pigalle, Y´a plus personn´ pour la r´pêcher, Elle a r´trouvé tous ses péchés, Ses coins d´ombre et ses trottoirs sales. Mais quand ell´ voit des amoureux Qui r´mont´nt la rue d´un air joyeux, Y´a des larm´s dans ses grands yeux bleus Qui coul´nt le long d´ses jou´s tout´s pâles.