D´un long sommeil, j´ai goûté la douceur, Sous un ciel pur, qu´elle embellit encore, A mon réveil j´ai vu briller l´aurore ; Le dieu du jour la suit avec lenteur. Moment heureux ! la nature est tranquille ;
Zéphyre dort sur la fleur immobile ; L´air plus serein a repris sa fraîcheur, Et le silence habite mon asile. Mais quoi ! le calme est aussi dans mon coeur ! Je ne vois plus la triste et chère image Qui s´offrait seule à ce coeur tourmenté ; Et la raison, par sa douce clarté, De mes ennuis dissipe le nuage. Toi, que ma voix implorait chaque jour, Tranquillité, si longtemps attendue, Des cieux enfin te voilà descendue, Pour remplacer l´impitoyable amour. J´allais périr ; au milieu de l´orage Un sûr abri me sauve du naufrage ; De l´aquilon j´ai trompé la fureur ; Et je contemple, assis sur le rivage, Des flots grondants la vaste profondeur. Fatal objet, dont j´adorai les charmes,
A ton oubli je vais m´accoutumer. Je t´obéis enfin ; sois sans alarmes ; Je sens pour toi mon âme se fermer. Je pleure encor ; mais j´ai cessé d´aimer. Et mon bonheur fait seul couler mes larmes.