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Artiste : Evariste de Parny
Titre : J´ai cherché
J´ai cherché dans l´absence un remède à mes maux ;
J´ai fui les lieux charmants qu´embellit l´infidèle,
Caché dans ces forêts dont l´ombre est éternelle,

J´ai trouvé le silence, et jamais le repos.
Par les sombres détours d´une route inconnue
J´arrive sur ces monts qui divisent la nue :
De quel étonnement tous mes sens sont frappés !
Quel calme ! quels objets ! quelle immense étendue !
La mer paraît sans borne à mes regards trompés,
Et dans l´azur des cieux est au loin confondue.
Le zéphyr en ce lieu tempère les chaleurs,
De l´aquilon parfois on y sent les rigueurs,
Et tandis que l´hiver habite ces montagnes,
Plus bas l´été brûlant dessèche les campagnes.

Le volcan dans sa course a dévoré ces champrs ;
La pierre calcinée atteste son passage :
L´arbre y croît avec peine, et l´oiseau par ses chants

N´a jamais égayé ce lieu triste et sauvage.
Tout se tait, tout est mort ; mourez, honteux soupirs,
Mourez importuns souvenirs
Qui me retracez l´infidèle ;
Mourez tumultueux désirs ;
Ou soyez volages comme elle.
Ces bois ne peuvent me cacher ;
Ici même, avec tous ses charmes,
L´ingrate encor me vient chercher ;
Et son nom fait couler des larmes
Que le temps aurait dû sécher.
O dieux ! ô rendez-moi ma raison égarée ;
Arrachez de mon coeur cette image adorée ;
Eteignez cet amour qu´elle vient rallumer,
Et qui remplit encor mon âme tout entière,
Ah ! l´on devrait cesser d´aimer
Au moment qu´on cesse de plaire.

Tandis qu´avec mes pleurs la plainte et les regrets
Coulent de mon âme attendrie,
J´avance, et de nouveaux objets
Interrompent ma rêverie.
Je vois naître à mes pieds ces ruisseaux différents
Qui, changés tout à coup en rapides torrents,
Traversent à grand bruit les ravines profondes,
Roulent avec leurs flots le ravage et l´horreur,
Fondent sur le rivage, et vont avec fureur
Dans l´océan troublé précipiter leurs ondes.
Je vois des rocs noircis, font le front orgueilleux
S´élève et va frapper les cieux.
Le temps a gravé sur leurs cimes
L´empreinte de la vétusté.
Mon oeil rapidement porté

De torrents en torrents, d´abîmes en abîmes,
S´arrête épouvanté.
O nature ! qu´ici je ressent son empire !
J´aime de ce désert la sauvage âpreté ;
De tes travaux hardis j´aime la majesté ;
Oui, ton horreur me plaît, je frissonne et j´admire.

Dans ce séjour transuille, aux regards des humains
Que ne puis-je cacher le reste de ma vie !
Que ne puis-je du moins y laisser mes chagrins !
Je venais oublier l´ingrate qui m´oublie,
Et ma bouche indiscrète a prononcé son nom ;
Je l´ai redit cent fois, et l´écho solitaire
De ma voix douloureuse a prolongé le son ;
Ma main l´a gravé sur la pierre ;
Au mien il est entrelacé.

Un jour, le voyageur sous la moussé légère,
De ces noms connus à Cythère
Verra quelque reste effacé.
Soudain il s´écriera : Son amour fut extrême ;
Il chanta sa maîtresse au fond de ces déserts.
Pleurons sur ses malheurs et relisons les vers
Qu´il soupira dans ce lieu même.