Accueil  💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales

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Artiste : Evariste de Parny
Titre : La Frayeur
Te souvient-il, ma charmante maîtresse,
De cette nuit où mon heureuse adresse
Trompa l´Argus qui garde tes appas ?
Furtivement j´arrivai dans tes bras.
Tu résistait ; mais ta bouche vermeille

A mes baisers se dérobait en vain ;
Chaque refus amenait un larcin.
Un bruit subit effraya ton oreille,
Et d´un flambeau tu vis l´éclat lointain.
Des voluptés tu passas à la crainte ;
L´étonnement vint resserrer soudain
Ton faible coeur palpitant sous ma main ;
Tu murmurais ; je riais de ta plainte ;
Je savais trop que le dieu des amants
Sur nos plaisirs veillait en ces moments.
Il vit tes pleurs ; Morphée, à sa prière,
Du vieil Argus que réveillaient nos jeux
Ferma bientôt et l´oreille et les yeux,
Et de son aile enveloppa ta mère.
L´Aurore vint, plus tôt qu´à l´ordinaire,
De nos baisers interrompre le cours ;
Elle chassa les timides Amours :
Mais ton sourire, peut-être involontaire,

Leur accorda le rendez-vous du soir.

Ah ! si les dieux me laissaient le pouvoir
De dispenser la nuit et la lumière,
Du jour naissant la jeune avant-courrière
Viendrait bien tard annoncer le Soleil ;
Et celui-ci dans sa course légère
Ne ferait voir au haut de l´hémisphère
Qu´une heure ou deux son visage vermeil.
L´ombre des nuits durerait davantage,
Et les amours auraient plus de loisirs.
De mes instants l´agréable partage
Serait toujours au profit du plaisir.
Dans un accord réglé par la sagesse,
A mes amis j´en donnerais un quart ;
Le doux sommeil aurait semblable part,
Et la moitié serait pour ma maîtresse.