Voici le cabinet charmant où les grâces font leur toilette. Dans cette amoureuse retraite j´ éprouve un doux saisissement. Tout m´ y rappelle ma maîtresse,
tout m´ y parle de ses attraits, je crois l´ entendre, et mon ivresse la revoit dans tous les objets. Ce bouquet, dont l´ éclat s´ efface, toucha l´ albâtre de son sein ; il se dérangea sous ma main, et mes lèvres prirent sa place. Ce chapeau, ces rubans, ces fleurs, qui formoient hier sa parure, de sa flottante chevelure conservent les douces odeurs. Voici l´ inutile baleine où ses charmes sont en prison. J´ aperçois le soulier mignon que son pied remplira sans peine. Ce lin, ce dernier vêtement il a couvert tout ce que j´ aime ; ma bouche s´ y colle ardemment,
et croit baiser dans ce moment les attraits qu´ il baisa lui-même. Cet asile mystérieux de Vénus sans doute est l´ empire. Le jour n´ y blesse point mes yeux ; plus tendrement mon coeur soupire ; l´ air et les parfums qu´ on respire de l´ amour allument les feux. Parois, ô maîtresse adorée ! J´ entends sonner l´ heure sacrée qui nous ramène les plaisirs ; du temps viens connaître l´ usage, et redoubler tous les désirs qu´ a fait naître ta seule image.