Je n´aurai pas le temps de finir la maison De peinturer l´auvent, secouer le paillasson Que tu seras présent, vivant, sorti des nombres , Déjà vêtu de blanc, déjà venu au monde.
J´aurai voulu laver les murs de la cité Remettre les pavés à leur place tu sais Et me débarbouiller et ranger mes papiers Et brûler le passé et puis me parfumer
Je n´aurai pas le temps d´enterrer les pendus De corriger le temps, tout ce long temps perdu De raccrocherles cloches, rengainer les épées Et à grands coups de pioches, t´ouvrir une cité
J´aurai voulu m´instruire, me polir, m´établir Te donner de quoi rire et de quoi te nourrir Voilà que je t´offre, des deuils pleins les coffres Un vieux règne en lambeaux pour ton monde nouveau
Des guerres à ta naissance comme à la mienne aussi Les pays d´espérance que m´a légués mon père Et ce parler de France La Chanson de ta mère.