Il m´a donné le pont de l´île, L´écume blanche et la marée, Puis il est parti vers la ville Et je me suis mise à pleurer.
Pourquoi, pourquoi le pont de l´île, L´écume blanche et la marée ? Ce sont des choses inutiles À fille qui se meurt d´aimer.
Moi, j´ai deux bras faits pour étreindre Tête d´enfants et moutons blanc. C´est pas que je voudrais me plaindre, Mais j´envie celles qui vont au champ.
Je reste seule amont la côte, Avec mon île et la marée. Mon bel ami a fait la faute De croire que j´étais une fée.
Pourtant, il sait que mes épaules Soulèveraient gerbes de blé. Il sait que j´abattrais le saule
Pour bâtir maison à son gré.
Il s´est penché dessus ma couche. Il mva saoûlé de mots d´enfant. Il a juste effleuré ma bouche Comme fait le vent, le vent qui ment.
J´échangerais ma poésie Pour la tête de mon ami. Dans mon tablier de semaine, Je la mêlerais à mes peines.
C´est cette longue solitude Qui creuse un trou devant mes pas. Ah! si seulement, si sa main rude Pouvait venir chasser tout ça.