Lui, c´est un petit Breton Elle, c´était une grande Bretonne Il portait une veste à boutons Elle une belle robe en cretonne Il allait la t´nant par la main
Là où le bonheur simple habite Ne s´arrêtant sur le chemin Que pour lui montrer sa cravate régate
Il avait un gentil biniou Elle une belle cornemuse Elle soufflait si je n´ m´abuse Pendant que lui bouchait les trous
Lui ne s´était pas fait marin Parce qu´il n´aimait pas la marine Pour un Breton, c´ n´est pas malin Ils ont d´ la mer plein les narines Elle le préféra terrien Que de le perdre dans un naufrage Pour lui prouver qu´elle l´aimait bien Elle lui donna même son p´tit cœur vainqueur
Il avait un gentil biniou Elle une belle cornemuse Elle soufflait si je n´ m´abuse Pendant que lui bouchait les trous
Il avait un p´tit chapeau rond Elle une belle coiffe blanche Pour n´ pas l´user, le gai luron Ne le mettait que le dimanche Ah ! C´était un couple parfait Le beau gars était plein d´astuce Elle, bien en chair, lui f´sait d´ l´effet Mais fallait aussi qu´elle l´adore encor
Il avait un gentil biniou Elle une belle cornemuse Elle soufflait si je n´ m´abuse Pendant que lui bouchait les trous
Il était né à Plabennec Elle, c´était une Paimpolaise Il s´appelait Yves Quillasec Elle Maryvonne Troualaire Quand ils jouaient de leurs instruments Tous les danseurs étaient en branle Pour lui, le seul inconvénient C´est qu´il fallait toujours qu´il s´coue l´ biniou
Il avait un gentil biniou Elle une belle cornemuse Elle soufflait si je n´ m´abuse Pendant que lui bouchait les trous
Un beau soir qu´ils s´étaient perdus, Perdus dans la lande bretonne
Ils ne se retrouvèrent plus Quel désespoir pour Maryvonne Yves lui dit, le cœur serré : Je ne suis pas une fripouille Je vais de ce pas te ram´ner Ou je me fais couper les ch´veux en deux
Il avait un gentil biniou Elle une belle cornemuse Elle soufflait si je n´ m´abuse Pendant que lui bouchait les trous
Ils sont morts d´avoir trop aimé L´amour fait souvent perdre la tête Ils auraient pu continuer Mais il fallait bien qu´ ça s´arrête Ils sont allés au paradis Pour que leur bonheur ne se perde
Saint Pierre le leur a bien dit : Vous avez marché dans la voie d´ la foi
Il reste coi, le p´tit biniou Elle, sa belle cornemuse, s´est dégonflée Si je n´ m´abuse Lui ne peut plus boucher les trous