C´était la fille d´un teinturier Avec un visage régulier Un visage aux couleurs divines En elle, ce qui vous touchait C´était son p´tit air détaché
Un air qui fleurait la benzine
Un jour qu´elle broyait du noir Qu´elle chantonnait sans espoir Elle reçut une visite C´était un homme de couleur Qui lui fit monter des vapeurs Son petit cœur battit plus vite
Il venait pour un coup de fer Et comme il savait bien y faire Elle n´eut pas de résistance Elle ne lui dit pas : Repassez Elle murmura : Ami, donnez Car il sut la prendre par l´essence
Ainsi elle vécut trois jours Elle croyait au grand amour
C´était une fille sans tache Mais lui qu´était un Noir marron Se détacha d´elle sans façon Ne voulant pas avoir d´attaches
Après plusieurs prises de bec Ce fut un nettoyage à sec Il emporta l´argenterie Il emporta ses illusions Même ses vieux complets veston Il vida sa teinturerie
Plaignez la fille du teinturier Son visage n´est plus régulier Ses belles couleurs ont déteintes Un soir, elle tourna de l´œil La corporation prit le deuil Car la teinturière est éteinte !