Dans ma chambrée, y a des tas d’types Qui se plaisent à fumer la pipe D’autres qui ont un goût prononcé Pour les journaux, c’est insensé Y en a qui décrocheraient la lune
Pour une femme, blonde ou brune Eh bien moi, je n’suis pas d’ceux-là Pour m’amuser, j’ai bien mieux qu’ça
Moi ! voilà, je vais au cinéma J’y vois de très belles femmes Pour qui mon cœur s’enflamme Elles font voir leurs deux bras Ainsi que leurs tibias Si je vois leurs épaules Tout de suite, ça m’affole Les vedettes de l’écran Surtout celles qui ont du cran Me font perdre la tête Et j’paie pas leurs toilettes Pour avoir des femmes comme ça Moi ! voilà, je vais au cinéma
Y en a qui rêvent de caresses D’orgies et de folles maîtresses Qui lisent des romains passionnels Le cinéma, il n’y a rien d’tel Y en a qui rêvent d’être la victime D’un vol, d’un rapt et même d’un crime Eh bien, moi, je n’suis pas d’ceux-là Pour m’émouvoir, j’ai bien mieux qu’ça
Moi ! voilà, je vais au cinéma Et là, je vois un traître Qui assassine son maître Puis enlève aussitôt Sa fille dans une auto Mon pauvre cœur palpite Que va d’venir la p’tite ? Mais l´ cousin, à c’moment Arrive — quel changement !
C’est une vraie salade Je sors, je suis malade Pour m’émouvoir comme ça Moi ! voilà, je vais au cinéma
J’ai des copains très poétiques Qui adorent l’amour antique Quelques-uns préfèrent aussi Parler d’amour dans un taxi Y en a d’autres qui aiment la nature La fraise des bois sous la verdure Eh bien, moi, je n’suis pas d’ceux-là Pour mes amours, j’ai bien mieux qu’ça
Moi ! voilà, je vais au cinéma Quand deux amants farouches S’embrassent sur la bouche J’embrasse la femme du coin
Lorsqu’elle ne dit rien C’est un plaisir unique D’embrasser en musique On entend le piano Faire son petit solo Et dans l’ombre propice [variante : Pendant que la mignonne] Doucement, mes mains glissent [variante : Douc´ment se pâmoisonne] Pour avoir d´ l’amour comme ça [variante : Pour avoir des femmes comme ça] Moi ! voilà, je vais au cinéma, na !