Elle se nommait Célestine Par hasard, il s´appelait Célestin C´était une fille de cuisine Lui, c´était un garçon d´ magasin Elle n´était pas très très fine
Lui n´était pas très très dégourdi Du dimanche au samedi Jours de fête y compris On les voyait l´après-midi
Sur le bi, sur le bout d´ la banquette D´un p´tit café-tabac de la rue d´ la Roquette Ils revenaient s´asseoir À côté du comptoir De trois heures jusqu´à sept heures du soir L´amant prenait toujours un café bien chaud Et l´amante prenait une menthe à l´eau En se mangeant des yeux Se frôlant les cheveux Ils étaient heureux
Lui pensait "Faut qu´on s´ marie" Mais, hélas, il attendait en vain
Tous ses papiers d´Arménie Attendu qu´il était Arménien Dans l´espoir que la mairie Pourrait les unir avant longtemps Depuis déjà sept ans L´hiver comme le printemps Il revenait le cœur battant
Sur le bi, sur le bout d´ la banquette D´un p´tit café-tabac de la rue d´ la Roquette Ils revenaient s´asseoir À côté du comptoir De trois heures jusqu´à sept heures du soir L´amant prenait toujours un café bien chaud Et l´amante prenait une menthe à l´eau En se mangeant des yeux Se frôlant les cheveux Ils étaient heureux
Mais à la fin, las d´attendre Il lui dit "Pour qu´on puisse se marier En Arménie, j´ vais me rendre Et je rapporterai mes papiers" La pauvre fille au cœur tendre Lui dit "Va, et moi je t´attendrai" Toute seule désormais Quand trois heures sonnaient Par habitude, elle revenait
Sur le bi, sur le bout d´ la banquette Du p´tit café-tabac de la rue d´ la Roquette Elle lisait les journaux Elle faisait du tricot En buvant toujours une menthe à l´eau Quand au bout de trois ans il revint d´ là-bas Elle avait épousé l´ patron du tabac
Ce qui prouve que l´amour Qu´il soit long, qu´il soit court Ne dure pas toujours