J´ai fait connaissance, y a six mois d´ ça D´une femme aux merveilleux appas Elle est placée chez des gens très riches Pour leur-z-y préparer le rata Comme de mon escouade, je suis l´ cuistot
L´été, quand ses patrons vont au zoo Je monte retrouver la bonniche Et puis l´on s´offre deux bons boulots
Tous les deux dans la cuisine Très gentiment, on turbine Vivement, elle allume son fourneau Moi, je m´allume bien plus tôt Mais elle dit, pleine de prudence "Faut pas jouer avec l´essence" Elle me tape sur les doigts Craignant que, trop amoureux À sa ch´minée, j´ mette le feu
Pendant qu´elle prépare les fayots Moi, j´ai mon œil dessus le gigot En parlant d´ gigots, la cuisinière M´a l´air d´en avoir deux de très beaux
Même que ça m´excite l´appétit "J´ m´en paierais une tranche" que je lui dis Mais elle m´ répond d´une voix sévère "Il te faut attendre qu’il soit cuit"
Tous les deux dans la cuisine On mange de façon divine Elle me sert du pied, qu´il est épatant Sous la table, j´en fais autant Et quand, de façon charmante Elle m´offre une langue sauce piquante Alors moi, que je tiens à me montrer fort galant Je l´embrasse et j´ la lui rends
Pour l´heure, quand le repas est fini Je l´aide à ranger tout son fourbi Et son fourbi, du moins, je l´ suppose Il doit être rudement gentil
Quand c´est en ordre, on prend un bon jus On y colle de la goutte par-dessus Dans l´ gosier, quand passent ces bonnes choses Ça vous fait l´effet d’un p´tit Jésus
Tous les deux dans la cuisine On boit d’une façon divine Elle m´ sert une liqueur qu´elle nomme sherry Elle m´appelle comme ça aussi L´autre soir, comme c´était sa fête On s´est payé d´ l´amourette Elle trouva ça très bon, surtout quand je lui offris Pour faire trempette, mon p’tit biscuit