đđ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đ€đ
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A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Ajouter aux Favoris Titre : Avant que nous rentrions
Avant que nous rentrions, nous promenĂąmes. Il me semblait que nous tenions un bouquet dâĂąmes, et nous disions des mots qui nous faisaient nous taire. La nuit pure coulait dans lâeau du torrent vert et, sur les pics, flottaient des nuĂ©es immobiles pareilles aux nuĂ©es de quelque vieille bible. Une bontĂ© dâamour faisait pencher ta tĂȘte ; je ne sais quoi de grave et de grand comme un poĂšte faisait nos coeurs pareils Ă de la vĂ©ritĂ©. Nous hĂ©sitions longuement et lentement Ă rentrer, sachant que nos bras nus devaient sâouvrir ensemble, sans une hypocrisie et sans timiditĂ©. Plus douces que des orphelines qui ont chantĂ©, les Ăąmes des Ă©toiles blanches et tristes priaient. Tu me disais des choses dĂ©licieuses que lâon a dites. Tu me disais : Tu es un tout petit enfant. Et ta voix se traĂźnait sur ces mots, dĂ©tachant les syllabes et disant : Un-tout-pe-tit-en-fant. Je te disais : nous sommes allĂ©s Ă la mĂȘme Ă©cole, quand tu avais quatre ans. Nâest-ce pas que câest drĂŽle ? Et tu relevais la tĂȘte et tes yeux noyĂ©s de douceur me donnaient un regard qui me buvait le coeur. Petit ami, me disais-tu, que câest calme ! Et nous nous taisions, ne sachant plus nos Ăąmes Nos deux corps se sont fondus comme des pĂȘches brĂ»lantes de soleil sur un mĂȘme pĂȘcher. Tu disais : Cette nuit nâa Ă©tĂ© quâun baiser Câest fou. Et quand, soĂ»ls dâamour, le jour parut, tu dis : Que vient faire le jour ? Tes dents mordaient mes dents et me brisaient la bouche Lâaube tremblait sur ton profil presque farouche. Je te disais : tais-toi ! quand tu ne disais rien. Puis nous sommes sortis dans la campagne fraĂźche. Nous nous sommes assis sur un mur Ă©brĂ©chĂ©. Sur la montagne immense un oiseau criait. Nous avions peur quâil ne fĂ»t triste Ă ainsi crier Et moi je te disais, pour calmer ton doute : la mĂšre de lâoiseau qui crie ainsi, comme toutes les mĂšres des oiseaux, va lui apporter Ă manger. Tu crois ? me disais-tu, et tu me souriais. Et nous avons marchĂ©, et tâai donnĂ© Ă boire de lâeau de source avec nos lĂšvres ensemble. Tu as criĂ© : Quâelle est fraĂźche ! Oh ! quâelle est fraĂźche ! Alors il plut. La pluie courait sur la montagne. CâĂ©tait la pluie qui fait rĂȘver les villages, la pluie au bruissaillement tendre et lĂ©ger, la pluie qui tinte, la pluie qui pleure du soleil, la pluie qui arrose les clairs arcs-en-ciel, la pluie qui fait courir et frissonner les poules. Et nous fĂźmes attention Ă la boue Nous sommes rentrĂ©s doucement pour dĂ©jeuner et, Ă table, nous nous sommes disputĂ©s sĂ©rieusement, et tu as failli pleurer que je nâadmette pas une de tes idĂ©es Tout cela pour, plus tard, retomber dans nos bras nus, et pour recommencer des caresses oĂč tu pĂąlissais dans la lourdeur de tes beaux cheveux. Maintenant, tu es loin, amie. Mais je veux que ces vers que liront quelques lointains amis fassent quâils tâaiment un peu sans te connaĂźtre et que, sâils passent un jour sous la fenĂȘtre de cette chambre douce oĂč nous nous sommes aimĂ©s ils ne sachent point que câest lĂ 1897.