Crie aigrement aux coeurs touffus des vieux rosiers.
Dans le salon où l’on causait, hier vous posiez Mais aujourd’hui nous sommes seuls - Rose Bengale ! Endormez-vous tout doucement dans la percale De votre robe, endormez-vous sous mes baisers.
Il fait si chaud que l’on n’entend que les abeilles Endors-toi donc, petite mouche au tendre coeur ! Cet autre bruit ? C’est le ruisseau sous les corbeilles
Des coudriers où dorment les martins-pêcheurs Endors-toi donc Je ne sais plus si c’est ton rire
Ou l’eau qui court sur les cailloux qu’elle fait luire
II
Ton rêve est doux - si doux qu’il fait bouger tes lèvres Tout doucement, tout doucement - comme un baiser Dis, rêves-tu que sur un roc vont se poser Parmi des thyms chèvrefeuilles de blanches chèvres ?
Dis, rêves-tu que sur la mousse, en notes mièvres, La source pure au fond du bois vient à jaser. - Ou qu’un oiseau tout rose et bleu s’en va briser Les fils de Vierge et faire au loin s’enfuir les lièvres ?
Rêves-tu que la lune est un hortensia ? - Ou bien encor que sur le puits l’acacia Jette des fleurs de neige d’or sentant la myrrhe ?
- Ou que ta bouche, au fond du seau, si bien se mire, Que je la prends pour une fleur qu’un coup de vent A fait tomber, du vieux rosier, dans l’eau d’argent ?