Il y a une armoire à peine luisante qui a entendu les voix de mes grand-tantes qui a entendu la voix de mon grand-père, qui a entendu la voix de mon père. À ces souvenirs l´armoire est fidèle.
On a tort de croire qu´elle ne sait que se taire, car je cause avec elle.
Il y a aussi un coucou en bois. Je ne sais pourquoi il n´a plus de voix. Je ne peux pas le lui demander. Peut-être bien qu´elle est cassée, la voix qui était dans son ressort, tout bonnement comme celle des morts.
Il y a aussi un vieux buffet qui sent la cire, la confiture, la viande, le pain et les poires mûres. C´est un serviteur fidèle qui sait qu´il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
qui n´ont pas cru à ces petites âmes. Et je souris que l´on me pense seul vivant quand un visiteur me dit en entrant : - comment allez-vous, monsieur Jammes ?