Le vieux village était rempli de roses et je marchais dans la grande chaleur et puis ensuite dans la grande froideur
de vieux chemins où les feuilles s´endorment.
Puis je longeai un mur long et usé ; c´était un parc où étaient de grands arbres, et je sentis une odeur du passé, dans les grands arbres et dans les roses blanches.
Personne ne devait l´habiter plus Dans ce grand parc, sans doute, on avait lu Et maintenant, comme s´il avait plu, les ébéniers luisaient au soleil cru.
Ah ! des enfants des autrefois, sans doute, s´amusèrent dans ce parc si ombreux On avait fait venir des plantes rouges des pays loin, aux fruits très dangereux.
Et les parents, en leur montrant les plantes, leur expliquaient : celle-ci n´est pas bonne c´est du poison elle arrive de l´Inde et celle-là est de la belladone.
Et ils disaient encore : cet arbre-ci vient du Japon où fut votre vieil oncle Il l´apporta tout petit, tout petit, avec des feuilles grandes comme l´ongle.
Ils disaient encore : nous nous souvenons du jour où l´oncle revint d´un voyage aux Indes ; il arriva à cheval, par le fond du village, avec un manteau et des armes
C´était un soir d´été. Des jeunes filles couraient au parc où étaient de grands arbres,
des noyers noirs avec des roses blanches, et des rires sous les noires charmilles.
Et les enfants couraient, criant : c´est l´oncle ! Lui descendait avec son grand chapeau, du grand cheval, avec son grand manteau Sa mère pleurait : ô mon fils ! Dieu est bon
Lui, répondait : nous avons eu tempête L´eau douce a bien failli manquer à bord. Et la vieille mère le baisait sur la tête en lui disant : mon fils, tu n´es pas mort
Mais à présent où est cette famille ? A-t-elle existé ? A-t-elle existé ? Il n´y a plus que des feuilles qui luisent, aux arbres drôles, comme empoisonnés
Et tout s´endort dans la grande chaleur Les noyers noirs pleins de grande froideur Personne là n´habite plus Les ébéniers luisent au soleil cru.