avec des chars qui vont lentement aux labours, avec des charrues qui sont couleur de la lune, avec des voix de paysans qui ont des sabots lourds, avec des femmes qui ont la peau en terre brune,
avec des routes longues et blanches où dansent les cailloux au soleil, avec des kilomètres, avec les pigeons des demeures des vieux prêtres, avec des gens qui rient et d’autres de souffrance ;
avec la nuit qui tombe sur les grands champs, avec des grincements de char, des paysans calmes
avec des voleurs qui vont entre deux gendarmes, avec le tonnerre qui ouvre les grands chênes en faisant un bruit de char tout rempli de pierres qui roulerait dans un bas-fond tout noir et large
avec un petit oiseau, dans le vieux jardin,
qui crie tout seul auprès des roses de la vigne, avec des enfants qui vont pêcher à la ligne, avec le bougement bleu du vent dans les lins ;
avec la terre, avec la mer, avec le ciel, avec des feux lointains qui semblent respirer sur les collines quand la nuit vient de tomber, et qu’un homme chante au loin dans le grand silence ;
avec des sentiers où, quand c’est le mois d’octobre, le vent fait voler les feuilles des châtaigniers qui grattent les petits cailloux ronds des sentiers ; avec des soirs de pluie pleins de lumière jaune,
avec un chat immobile au milieu d’un champ, avec les femmes à pas lents qui songent, laissant tomber les grains de maïs et comme si elles songeaient qu’il ne faut pas contrarier la terre ;
avec les hommes qui prennent dans un tamis de l´engrais qu’ils lancent fort, au-dessus de terre,
avec les grands coteaux où le soleil est doux et le bois frais où claque la tiède pluie d’orage, et les arrêts, quand ils marchent, des grands boeufs roux que conduit en sifflant un enfant du village.