On dit qu’à Noël, dans les étables, à minuit, l’âne et le boeuf, dans l’ombre pieuse, causent.
Je le crois. Pourquoi pas ? Alors, la nuit grésille : les étoiles font un reposoir et sont des roses.
L’âne et le boeuf ont ce secret pendant l’année. On ne s’en douterait pas. Mais, moi, je sais qu´ils ont un grand mystère sous leurs humbles fronts. Leurs yeux et les miens savent très bien se parler.
Ils sont les amis des grandes prairies luisantes où des lins minces, aux fleurs en ciel bleu, tremblent auprès des marguerites pour qui c’est dimanche tous les jours puisqu’elles ont des robes blanches.
Ils sont les amis des grillons aux grosses têtes qui chantent une sorte de petite messe délicieuse dont les boutons d’or sont les clochettes et les fleurs des trèfles les admirables cierges.
L’âne et le boeuf ne disent rien de tout cela parce qu’ils ont une grande simplicité et qu’ils savent bien que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Bien loin de là.
Mais moi, lorsque l’Été, les piquantes abeilles volent comme de petits morceaux de soleil, je plains le petit âne et je veux qu’on lui mette
de petits pantalons en étoffe grossière.
Et je veux que le boeuf qui, aussi, parle au Bon Dieu, ait, entre ses cornes, un bouquet frais de fougères qui préserve sa pauvre tête douloureuse de l’horrible chaleur qui lui donne la fièvre.