Un jour dans un petit village du bord de mer C’était l’anniversaire de l’arrière grand-mère du maire Toujours en bonne santé, toujours la fleur aux dents
Elle venait de fêter ses cent cinquante printemps
Voyant que le maire ne pouvait rien expliquer Les jeunes filles du village allèrent trouver le curé Mais dites-nous donc mon Père, dites-nous donc l’Abbé Pour vivre si longtemps quel est donc son secret ?
C’est alors que le curé toujours très prudent Décida de consulter des gens plus compétents Il monta sur son âne et gagna l’évêché Où trouvant son évêque il parla de la mémé
À peine eut-il été de ce fait informé Le malheureux évêque eut le grand tort de parler
Il laissa supposer au curé stupéfait Qu’elle pourrait être un jour en odeur de sainteté
Alors notre curé s’en retourna vainqueur En portant la bonne nouvelle au fond de son cœur Dans un sermon il l’a dit à ses paroissiens Et la nouvelle alla jusqu’au village voisin
Alors, dans le village ce fut le défilé Avec les pèlerins, les marchands, les boutiquiers Aussitôt la mémé fut comme idolâtrée Et partout dans les rues on échangeait son portrait
On vendit des «mémés » gravées sur médaillons
Et des soutiens-gorge « mémé » fabriqués au Japon Des « mémés » à deux lames qui coupent le poil deux fois Des « mémés » au fromage et des « mémés » aux anchois
Des « mémés » en susucre, des pastilles de « mémés » Et des sachets de riz « mémé » qui ne colle jamais Et la lessive « mémé » aux enzymes « mémé » Avec à l’intérieur en prime un cadeau « mémé »
Puis un docteur miracle inventa sur le champ Un élixir « mémé » qui faisait vivre cent ans
Qui rendait aux grands-mères leur charme d’autrefois Et par la même occasion leur fortifiait le foie
On fit visiter les fermes où naquit mémé Et les saintes églises où elle s’était confessée Il fallait l’avouer, jamais au grand jamais Le commerce du village n’avait aussi bien marché
Mais un jour le curé apprit que la mémé N’était autre que le maire qui s’était déguisé Il n’avait pas trouvé de meilleure solution Pour faire prospérer son village jusqu’aux élections
Le curé à la foule ayant tout révélé Aussitôt le village abandonna la mémé Mais afin de pouvoir finir de l’exploiter Ma maison de disques en a fait le tube de l’été
Oh mémé ! Oh reviens mémé ! Oh ne me quitte pas mémé ! Euh…Euh…Euh… Y a t-il quelqu’un qui veut m’aimait ici ce soir ?… Ben tu vois mémé,… Y’a quelqu’un pour toi, mémé, hein…
De cette folle histoire il reste une chanson Dont nous vous laisserons à tous tirer la leçon Moi ce que j’en retiens c’est un blues endiablé… Du blues… Du blues…